Loin des couloirs stériles des hôpitaux et des cabinets médicaux classiques, un pan entier de la médecine française se déploie dans l’intimité des foyers et des lieux discrets. Rencontre avec les guérisseurs traditionnels, figures singulières qui, depuis des générations, soulagent maux et afflictions par des pratiques ancestrales et un savoir-faire transmis de bouche à oreille.
Des parcours et des dons singuliers
Une étude menée auprès de 148 guérisseurs traditionnels à Paris et en province révèle un profil aux multiples facettes. Dans plus de la moitié des cas (51,5 %), ce sont des hommes qui exercent en milieu rural (54,5 %).
Diplômés de l’enseignement supérieur pour une partie d’entre eux (52,2 %), ils ont découvert leur don en moyenne vers l’âge de 19 ans, souvent hérité d’un proche, en particulier la grand-mère maternelle.
Le magnétisme, la voyance, la coupe du feu et l’énergétique comptent parmi les dons les plus répandus. La pratique s’effectue le plus souvent au domicile du praticien (59,1 %), mais certains proposent également des consultations à distance par téléconsultation.
Des pratiques plurielles au service du bien-être
Les séances durent en moyenne une heure. Les mains constituent le principal outil de travail des guérisseurs (95,5 %), certains y associant des objets (30,3 %) ou des incantations (28,8 %). La clientèle est majoritairement féminine (71,9 %) et adulte.
Plus des trois quarts des praticiens (75 %) observent une amélioration chez leurs patients, la plupart nécessitant entre 2 et 5 séances. Plus de la moitié (53,7 %) considèrent leur approche comme complémentaire à la médecine classique, tandis qu’un quart environ (26,5 %) la juge efficace sinon plus.
Les motifs de consultation sont variés : troubles psycho-émotionnels (stress, fatigue, insomnie), problèmes dermatologiques (eczéma, brûlures, verrues), douleurs chroniques (dos, ventre). La fatigue arrive en tête des effets indésirables ressentis par les clients (47 % et 43,7 % respectivement pour les clients et les praticiens).
Des nuances à prendre en compte
L’étude présente quelques limites. Les praticiens ciblés étaient accessibles via internet, excluant ceux non présents sur la toile. L’échantillon reste modeste et les données proviennent uniquement de questionnaires auto-administrés. Le recueil de l’avis des clients aurait amené un éclairage complémentaire.
Pour conclure, les guérisseurs traditionnels font partie intégrante du paysage de la santé en France. Leurs pratiques, bien que non scientifiquement validées, soulagent et apportent un mieux-être à de nombreux patients.
Une meilleure compréhension de leurs profils, de leurs méthodes et de leur positionnement vis-à-vis de la médecine classique est nécessaire pour une prise en charge plus éclairée et individualisée des patients.