Le chômage est toujours présenté comme la priorité contre laquelle il convient de lutter, mais lorsque l’on constate sa persistance et sa progression, on peut commencer d’en douter. D’après nos dirigeants politiques, le chômage est la conséquence du manque de croissance. Or, à partir du moment où on laisse toute une partie de la population sur le carreau et où on effraie les autres avec le spectre de la perte d’emploi, ne ralentit-on pas tout autant la croissance ? Le chômage et ses conséquences ne sont-ils pas, en réalité, la cause première du ralentissement de l’économie ?
Chômage et inflation
C’est donc ailleurs qu’il faut chercher la cause de la crise de l’emploi, et cette cause porte un nom : le NAIRU.
Le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment, que l’on pourrait traduire par : taux de chômage n’augmentant pas l’inflation) est le rapport entre chômage et inflation. En clair, cette variable est l’indication qu’il y a un lien entre les deux.
Or pourquoi ce taux est-il important ?
Ce taux est important car l’obsession première de tous nos gouvernants est, prioritairement, de juguler l’inflation. Et le meilleur moyen de freiner cette inflation est tout simplement d’appuyer sur l’accélérateur du chômage.
On pourra bien évidemment se demander pourquoi une telle hantise de l’inflation, et la réponse est très simple :
L’inflation est l’augmentation permanente des prix. Or, pour un rentier, elle est catastrophique puisque, ses capitaux n’évoluant pas au même rythme, son pouvoir d’achat s’en trouve systématiquement grignoté. « L’inflation est l’euthanasie des rentiers » (Keynes).
Mais quel est le lien entre chômage et inflation ?
Lorsqu’il y a chômage de masse, les revendications des salariés se font rares et les salaires n’augmentent pas. Donc les prix de revient restent stables.
En revanche, lorsqu’il y a plein emploi, les exigences du salariat gonflent les coûts et les prix à la vente augmentent.
Vous l’avez compris, l’inflation ne nuit pas au salarié puisque les salaires suivent (ou précèdent) le mouvement de hausse, mais elle pose problème aux détenteurs de capitaux puisqu’elle en érode la valeur.
Et qui sont les détenteurs de capitaux ? Ni vous ni moi bien entendu, mais, outre quelques grosses fortunes, le système bancaire, tout simplement…